Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

 (3 derniers posts)

Vous Cherchez...

Quelques liens

Adresses utiles...










Spreadfirefox Affiliate Button

...et blogs sympas








29 février 2008 5 29 /02 /février /2008 19:01
De retour d’une semaine de formation nancéienne studieuse, je vous propose de rester dans un registre pédagogique, en me faisant l’écho d’une publication bien peu connue (présentée récemment dans les Nouvelles de l’Alpe): La Revue Durable.

Née en 2002, La Revue Durable est un bimestriel franco-suisse de vulgarisation sur les questions d’écologie et de développement durable. Chaque numéro fait l’objet d’un dossier particulier, traité de façon rigoureuse et pragmatique.

Si je relate ici l’existence de ce périodique, c’est à la fois pour le faire connaître, mais également pour son n°21 de l’été 2006, consacré à «la montagne, entre protection et conquête». Ce vaste sujet est abordé à travers 3 enjeux majeurs qui concernent nos Alpes, car elles «cristallisent aujourd’hui le besoin de trouver un juste milieu entre une légitime activité économique et le non moins nécessaire impératif de les protéger».


Le transport et la traversée des Alpes : En un quart de siècle, le trafic de marchandise a doublé pour atteindre 110 millions de tonnes en 2004, un accroissement qui s’est fait presque uniquement par la route. Mais des solutions existent et émergent : de la redevance poids-lourds aux transports alternatifs jusqu’à l’Initiative pour les Alpes de nos compatriotes suisses.


Le tourisme : En 150 ans, il est passé «de la contemplation à la consommation», avec 370 millions de nuitées annuelles pesant 11% du tourisme mondial. Là encore, entre pression immobilière, grands équipements et sports de pleine nature réputés plus doux, des expériences sont menées pour maîtriser ces flux touristiques et leurs impacts environnementaux.


La biodiversité : Indicateurs de la santé des écosystèmes dont ils ont besoin pour vivre, les grands prédateurs européens que sont le Lynx, le Loup et l’Ours ont trouvé refuge dans nos Alpes. Mais ils posent le problème de la cohabitation avec l’homme. Du programme «Life Coex» au «Plan Ours», ici encore des solutions existent.


Cependant, la sauvegarde des Alpes ne pourra se faire sans une réelle «conscience alpine» à l’échelle européenne. L’idée fait lentement son chemin avec la création de la Commission Internationale pour la Protection des Alpes (CIPRA) en 1952, puis la signature de la Convention Alpine en 1991. Mais 15 ans plus tard, tous les signataires (dont l’Europe) sont encore loin d’avoir ratifié et appliqué les 10 protocoles proposés.



Je reprendrai, pour terminer, le plaidoyer concluant la superbe œuvre didactique de Bernard Fischesser «La Vie de la Montagne», qui nous rappelle en quoi les Alpes sont menacées et pourquoi les protéger :


A la fin du XIXe siècle, les Alpes traversent une crise qui va bouleverser leur organisation traditionnelle. Elles conjuguent les effets d'un surpeuplement, générateur de surexploitation, avec une rupture de leur isolement par la mise en place, pour des motivations plus politiques et stratégiques qu'économiques au départ, de grandes dessertes transalpines. […]

En moins d'un siècle, on va prodigieusement ouvrir la montagne alpine pour la mettre en contact, et en concurrence, avec les bas pays. Ce sont alors de nouvelles stratégies, issues de la ville, qui s'introduisent et commencent à la vider de son identité. […]

Le paysage commence à se brouiller et à se refermer,[…] l'extension des voies de communication et l'élévation du niveau de vie génèrent le développement du tourisme, [… et] ce sont des logiques extérieures qui plaquent des économies et des équipements sur des paysages très sensibles. […] Des mouvements désordonnés bouleversent les communautés et les équilibres naturels. De nouveaux courants migratoires saisonniers jettent pêle-mêle sur les alpages et sur les cimes tout un monde citadin alors que l'agriculture semble être condamnée à disparaître ou à être assistée pour se cantonner à des tâches d'entretien du paysage. […]

Comme le milieu alpin est très réactif et d'une extrême sensibilité car les contraintes naturelles y exagèrent tout impact et risquent de conduire rapidement à des déséquilibres irrémédiables, comme l'extrême diversité de la montagne alpine est une de ses caractéristiques et une de ses richesses et qu'elle est menacée de banalisation, il faut aujourd'hui ajuster une gestion collective des Alpes, à leur échelle, c'est-à-dire à celle de l'Europe. Ce patrimoine d'exception, produit de la lente évolution de la vie et modelé par les générations précédentes, en est le bien indivis. Il faut le gérer d'une façon durable, dans le souci d'une modernité constamment reliée à ses racines profondes.

Il ne s'agit pas seulement d'un rêve écologique, mais, désormais, d'une ambition européenne.

Les solutions originales d'aménagement du territoire qui commencent à se dessiner dans les Alpes sont porteuses d'un grand espoir, celui de pouvoir réellement concilier le développement d'une économie moderne et efficace avec le respect d'un environnement d'exception […]

Autant d'exemples, autant de pistes pour développer une stratégie alpine qui devrait à la fois soutenir l'entretien des paysages là où il est indispensable, car ces paysages sont sans équivalents, et accepter de laisser la dynamique naturelle s'exprimer là où elle le mérite, car les Alpes représentent la plus formidable réserve de nature d'Europe.

Une stratégie qui devrait décourager les systèmes d'exploitation non durables qui épuisent les ressources non renouvelables et dépassent le seuil de renouvellement naturel des autres ressources, et qui devrait encourager des solutions appropriées pour réduire les consommations d'énergie et les productions de déchets, éviter les impacts et développer un tourisme responsable.

II faudra bien, finalement, ajuster en montagne une autre politique qui passe par une nouvelle prise de conscience de ses logiques naturelles, de ses équilibres et de leur tolérance, par un usage polyvalent de l'espace et de ses ressources naturelles et par le respect de sa diversité, et cela comprend aussi les diversités ethniques et culturelles[…].

Il faut maintenir la montagne en vie et sauvegarder ses valeurs ; elles sont irremplaçables.»

Pour en savoir plus :

Partager cet article
Repost0

commentaires