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8 mars 2008 6 08 /03 /mars /2008 21:23
Travail et occupations diverses ne me laissent, en ce moment, que mes soirées pour m'évader sur les cimes. Merci donc à Jean-Marc de m’avoir prêté ce qu’il considère comme une des plus belles oeuvres de la littérature alpine, avis que je ne démentirai pas.

Walter Bonatti est né en 1930 à Bergame, non loin des Alpes. Fasciné dès son plus jeune âge par la montagne, il y voit «une des plus sûres écoles de caractère».
En 1953, il quitte définitivement la vie citadine pour se consacrer à sa passion et, un an plus tard, il obtient son brevet de Guide et s’installe à Courmayeur.

«Je sentais que j’aimais la montagne pour ses spectacles, pour ses souvenirs, mais surtout à cause du sentiment d’évasion, de liberté, de joie de vivre qu’elle savait seule me faire éprouver. Quand le soir, je rentrais en ville après une journée vraiment vécue, le contraste rendait encore plus laide, plus insupportable, l’existence quotidienne, à laquelle je n’avais un instant échappé que pour y retomber.»

En cette seconde moitié du XXème siècle, tous les sommets alpins ont été conquis, la plupart par leurs faces Nord. C’est alors la grande époque des «directissimes», des hivernales et des expéditions sur les plus hauts sommets du monde. Et Bonatti en sera un des principaux acteurs.


Avec «A mes Montagnes», paru en 1962, il nous livre, à 32 ans seulement, ses souvenirs de grimpeur, tel un testament avant d’abandonner l’alpinisme de haut-niveau quelques années plus tard.

L’ouvrage est une suite d’ascensions, tantôt paisibles comme au Grand Pilier d’Angle, cette «belle première au Mont blanc [… où] tout fut si simple que la course n’a pas d’histoire», tantôt tragique comme au Pilier central du Freney, «l’épisode le plus dramatique de ma vie» avouera-t-il, et qui clos le livre.

Du Mont Blanc au Dolomites, de l’Himalaya aux Andes de Patagonie, on retrouve tous les ingrédients du récit d’alpinisme : Tempêtes de grêle, neige, éclairs, froid pénétrant et vents hurlants répondent aux avalanches, aux pierres qui fusent et à la chaleur étouffante du soleil se réverbérant sur la neige.

Suspendus à la roche, Bonatti et ses amis tutoient un vide omniprésent que seuls peuvent vaincre la précision des gestes et la force du mental. C
haque aventure est un exploit qui semble dépasser l'entendement et pourtant l'auteur conserve humilité et sincérité, à la limite d'une certaine naïveté.

Car si les aventures de Bonatti rappellent celles de son contemporain, René Desmaison, dans «les Forces de la Montagne», le contenu y est moins polémique et le style beaucoup plus sensible et envolé. «Ce sage est un latin et sa plume s'enflamme» note Jacques Teissier Du Cros dans la revue «La Montagne et Alpinisme» de décembre 1962 (source Daniel Masse). Voyez par vous-même...

Dans ce versant italien du Mont Blanc qu’il affectionne tant, voilà Bonatti et son compagnon Oggioni la veille de leur ascension du Pilier Rouge du Brouillard, extrait...
Tandis que nous faisons nos préparatifs, les ultimes heures du jour passent rapidement. Dans l'air assombri notre pilier, qui désormais domine tout le bassin du Brouillard, semble plus proche, et plus sévère aussi. Le dernier soleil, dans une fanfare de couleurs, disparaît au loin sur les cimes de la Grivola et du Grand Paradis et les premières étoiles s'allument dans le ciel encore clair. Au creux des vallées, la nuit est descendue, profonde, et là où tout à l'heure apparaissaient les lointains villages, des lumières ont allumé leurs constellations tremblantes, éparses sur la noire ondulation des montagnes environnantes. C'est l'heure nostalgique entre toutes, où les inquiétudes, les questions qu'on se pose sur l'escalade qui nous attend viennent se mêler aux anciens et intimes souvenirs, et les rehausser. Des glaciers voisins monte encore le bruit retentissant d'un sérac, qui s'effondre à retardement, miné par la chaleur du jour. Puis tout se tait. Maintenant, nous restons vraiment seuls, tous deux avec nos pensées, avec nos craintes. Nous fermons la porte grinçante et nous nous roulons en boule sur nos couchettes, dans l'attente de l'heure du départ.»


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