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18 avril 2007 3 18 /04 /avril /2007 14:24

Pour ces vacances de Printemps, nous descendons passer une petite semaine dans notre «pied-à-terre sud-alpin». Estelle me dépose à Annot, où je retrouve Frédéric pour un «petit trek» qui doit nous mener à Entraunes en deux jours, à travers le massif du Grand Coyer.

Lundi 16 avril, 9h00: Estelle et moi retrouvons Fred sur la place du village d'Annot. Dernier point sur l'équipement: crampons, piolet, raquettes, tente... et répartition des vivres dans les sacs. Un bisou à ma femme et nous voilà partis.

Nous traversons rapidement le village et ses vieilles ruelles et remontons le torrent de la Beïte, à travers une forêt de pins sylvestres. Je n'ai pas revu Fred depuis fin Août et les kilomètres filent au rythme de nos discussions. Bientôt midi approche: il est temps de faire une pause déjeuner. Passé le col d'Argenton, nous nous installons à même le sentier, au milieu des bois.

Alors que nous repartons, je ressens une douleur au pied gauche, douleur qui avait fait son apparition il y a seulement 48h, suite à mon «raid» au Grand Colombier. Je souffre et le doute m'assaille : pourrais-je continuer, et combien de temps ? Un gramme de Paracétamol me soulage un peu.

Arrivé à la tête de Rigelet, nous apercevons la suite de l'itinéraire et au loin la cime toute en rondeur du Grand Coyer. Fred se lance dans l'ascension de la tête du Ruch et ajoute ainsi 200m de plus au dénivelé déjà conséquent de cette journée. De mon côté, afin de préserver mon pied, je contourne ce sommet par la droite, sors de la forêt et débouche face aux étendues planes et désertiques qui ceinturent le Grand Coyer. Fred m'ayant rejoint, nous décidons de longer la crête à vue, évitant ainsi des détours inutiles. Les fameux «plans» ne le sont pas tant que ça et montées et descentes se succèdent, rythmées par le passage de quelques barres rocheuses.

La journée avance et la question qui occupe maintenant nos esprits concerne la nuit à venir. Nous espérons dormir à la cabane du Coyer, indiquée sur la carte. Mais dans quelle état est-elle? Et sera-t-elle ouverte? Dans le doute, nous avons emporté la tente, mais la perspective d'y dormir à plus de 2000m d'altitude ne nous réjouit guère. Arrivés sur le plan des Mouches, la cabane est en vue. Elle a l'air en bon état. L'approche semble interminable. Sur ce plateau désolé et caillouteux, sans points de repères, les distances sont trompeuses. Enfin, nous y sommes... Je tends la main vers la poignée et pousse la porte... qui s'ouvre !

A l'intérieur, c'est le grand luxe: poêle, bois, gazinière, batterie de cuisine, table et bancs... Fourbus mais heureux, nous déposons nos sacs bien lourds et nous installons pour la soirée.

Il n'y a pas d'eau, mais un peu de neige entoure la cabane. Nous en faisons fondre afin de remonter nos stocks. A l'étage, des matelas sont pendus au plafond. En les installant, je découvre un magnifique Lérot en hibernation. Ne voulant pas le déranger, je le remets en place comme je peux.

Comme à l'accoutumée, Fred a emporté une bonne bouteille de vin que nous dégustons autour d'un plat simple mais revigorant, et terminons le dîner par un cigarillos. Quelques chamois nous rendent visite et agrémentent cette soirée déjà bien agréable, mais mon pied me préoccupe. Demain, une fois que nous aurons basculé sur le versant nord du Grand Coyer, tout échappatoire deviendra (quasi) impossible et il me faudra absolument parcourir les 25km qui nous séparent encore de notre point d'arrivée.



Mardi 17 avril: Nous nous levons à l'aube et le temps est magnifique. Nous attaquons la crête qui mène au sommet du Grand Coyer. La montée, raide au départ, s'adoucit progressivement. Un névé persiste de l'antécime jusqu'au sommet, couvert lui aussi de neige, mais les crampons ne sont pas nécessaires.

De là haut, la vue est splendide et s'étend de l'Argentera aux préalpes de Digne. Nous découvrons également la suite de notre itinéraire et la cuvette nord du Coyer encore bien enneigée : nous ne regrettons pas d'avoir emporté les raquettes.


Nous descendons alors plein ouest à travers les éboulis, mais rapidement, les passages deviennent scabreux et nous préférons chausser les crampons et nous lancer dans la pente enneigée.

La traversée se poursuit normalement à flanc jusqu'à la baisse du Détroit, mais le passage est couvert de neige, assez exposé, et de plus, au soleil depuis un moment. Fred me convainc de descendre directement par un raide couloir en partie ombragé. Peu rassuré, je le suis (après tout, c'est un futur accompagnateur en Montagne !). La neige est déjà bien humide, mais les crampons sont efficaces et finalement, la descente se déroule bien et nous gagnons ainsi pas mal de temps.

En bas, le soleil cogne fort et c'est de la soupe qui nous attend. Nous chaussons les raquettes, mais nous enfonçons quand même ! Il s'agit de tirer au plus court pour sortir de là au plus vite. La traversée de cette étendue blanche et vallonnée est longue. Nous prenons cependant quelques minutes pour admirer un couple de Lagopèdes dans leurs livrées hivernales et rejoignons finalement le ravin de Bressenge.

Quelques traces salutaires nous indiquent le passage clé pour franchir les barres rocheuses et atteindre le fond du vallon. La neige s'y fait beaucoup plus rare et nous quittons bientôt les raquettes. Un peu plus loin, une butte plantée d'un bouquet de mélèzes nous accueille pour une pause «déjeuner-sieste au soleil» bien méritée.

Une heure et demi plus tard, nous reprenons notre marche. Le plus dur est passé, mais le plus long reste à venir... et mon pied se rappelle à moi. J'y applique un peu de Niflugel et reprend un gramme de Paracétamol.

Le sentier suit maintenant les eaux cristallines du torrent. Nous descendons progressivement jusqu'aux cabanes de Bressenge, où nous rencontrons notre première marmotte de la saison, puis atteignons la cabane des Juges.

Nous changeons alors de direction pour remonter au dessus des falaises rocheuses des Baussées qui dominent le côté oriental de la vallée. La remontée est rude et le sentier qui parcours ensuite à flanc toute la forêt de St Jean n'en finit pas. Quelques ruisseaux nous permettent de nous ravitailler en eau car il fait chaud et nous buvons beaucoup.

Le vallon de la Lance, que nous dominons maintenant finit sa course dans le Verdon que nous apercevons en contrebas. A la confluence des deux cours d'eau, la cité fortifiée de Colmars se dévoile. Avant de basculer sur la route du col de Champs, un dernier coup d'œil nous permet d'apprécier le chemin parcouru depuis les espaces enneigés du versant nord du Coyer. Le ciel s'est d'ailleurs bien assombri de ce côté là, et nous ne regrettons pas d'être là où nous sommes.

Devoir redescendre de 200m pour rejoindre la route du col et la remonter ensuite sur plusieurs kilomètres ne nous enchante pas beaucoup, mais c'est la seule solution (en fait, nous pourrions récupérer le GR52A qui monte également au col des Champs, mais cela impliquerait de descendre encore plus bas...). Quelques plaques de neige, branches et pierres parsèment la route qui n'est pas encore ouverte à la circulation, et le parcours est bien monotone. Seule la vue sur la crête de Roche Cline et la Tête de l'Encombrette agrémente un peu notre marche. Mais c'est sans compter sur une dernière épreuve : Sur les 2 derniers kilomètres qui nous séparent encore du col, la route est totalement enneigée et nous nous enfonçons parfois jusqu'aux genoux. La fatigue s'accumule... heureusement pour moi, c'est Fred qui fait la trace.

Il est 19h quand nous arrivons enfin au col des Champs. Je ne sens plus mes pieds ni mes jambes. Et il reste encore 800m à descendre par un sentier que je connais bien. Nous plongeons...

A mi-chemin d'Entraunes, au détour d'un lacet, nous apercevons quelqu'un.
Qui peut bien monter à cette heure tardive?... C'est Estelle qui vient à notre rencontre avec une gourde pleine de thé glacé et quelques biscuits ! Quelle bonne surprise... et quel réconfort pour les derniers kilomètres!

A 20h20, après presque 11h
de marche, nous entrons dans le village. Pour nous «récompenser», Estelle a préparé une délicieuse tartiflette à laquelle nous faisons honneur sans aucune difficulté.

Au total, nous aurons parcouru pendant ces 2 jours 41km, 2560m de dénivelé positif,
2000m de dénivelé négatif, et nous en garderons, si ce n'est quelques douleurs, un vrai plaisir et l'envie de repartir... 


 
  D'Annot à Entraunes par le Grand Coyer (2693m)

Type : TSM
Localisation : Alpes-de-Haute-Provence (carte de situation)
Point de départ : Annot
Itinéraire : Annot - col d'Argenton - cabane du Coyer (par les crêtes) - Grand Coyer - lac de Lignin - ravin de Bressenges - cabane de Grand Paul - route du col de Champs - col des Champs - Entraunes (par GR52A)
Distance : 41 km
Dénivelé positif : 2560 m
Carte : IGN TOP25 3541OT «Annot - St André les Alpes - PNR de Verdon» et IGN TOP25 3540OT «Barcelonnette - Allos - PN du Mercantour»
Topo : Aucun


Sortie n°174 réalisée le 16 & 17/04/07 avec Frédéric
 
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commentaires

M
Merci à Fred pour ses photos ! Elles sont désormais intégrées aux autres dans l'espace réservé...
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B
houa !quelle courageuse et gentille femme vous avez !Quelle chance !sinon, votre rando a l'air pas mal aussi...
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