Jeudi 16 août : Sous nos yeux défilent les magnifiques paysages varois. Le massif des Maures laisse rapidement place aux plateaux et contreforts calcaires tandis que nous prenons de l’altitude. Les villages perchés se succèdent jusqu’à Trigance où nous rejoignons le Verdon en amont de ses célèbres gorges, riches de nombreux souvenirs de pique-niques en famille, sans parler du sentier Martel parcouru avec Fred durant l’été 1995 (une de mes premières randos!).
La circulation est maintenant plus dense et nous nous traînons derrière plusieurs camping-cars sur cette petite route touristique. Passé Castellane, nous atteignons le lac artificiel de Castillon aux eaux émeraudes puis la vallée se resserre ensuite jusqu’à la dépression de Thorame. Le paysage sec de pins sylvestres fait peu à peu place au mélezin alors que nous approchons de la cité fortifiée de Colmars-les-Alpes.
Nous quittons ici la vallée du Verdon et attaquons la minuscule route du col des Champs (plus agréable en voiture qu’à pied dans la neige!) qui grimpe par de nombreux lacets dans le forêt de Ratery, avant de plonger sur le Val d’Entraunes.
Le col franchi, nous achetons un peu de l’excellente tomme de vache près de l’auberge de Val Pelens, face aux aiguilles homonymes. Nous poussons ensuite à pieds jusqu’au plateau de St Barnabé où nous retrouvons avec plaisir la chapelle qui a vu nos 2 cœurs s’unir un beau jour de juillet 2004. Nous n’y étions pas retournés depuis !
Arrivés à Entraunes, que de monde ! Il faut dire que nous venons rarement dans le coin en pleine saison mais plutôt au Printemps ou à la Toussaint. De plus, ce week-end le village célèbre la fête patronale de la Nativité, avec repas dansant, bal et retraite aux flambeaux… de paisibles nuits en perspectives !
Vendredi 17 août : Après une grasse matinée, nous partons pique-niquer au bord du Bourdoux. Nous remontons la piste qui longe partiellement ce torrent et nous installons dans le lit du cours d’eau, au milieu d’un chaos de blocs rocheux. Le ciel est d’un bleu limpide et nous occupons notre après-midi à bouquiner et nous baigner…
Samedi 18 août : Rochegrande est sans conteste un de mes sommets préférés. Superbe pyramide bifide de grès, dominant une combe suspendue zébrée de diaclases calcaires, cette cime, pourtant mineure, est, de par sa position, un belvédère sur toute la haute vallée du Var.
Il n’existe (à ma connaissance) qu’un seul topo (voir fiche technique) décrivant son ascension que j’ai effectuée pour la première fois en juillet 2004 avec Frédéric (juste après mon mariage). J’ai ensuite refait une seconde fois cette ascension en décembre 2005, lors d’un hiver peu enneigé, mais glacial. Il est donc temps que j’y amène Estelle.
Levés aux aurores, nous démarrons vers 6h30. Météo France annonçait une superbe journée, mais le ciel est pour l’instant brumeux et voilé.
D’Estenc, nous remontons d’abord par un grand lacet le pierrier du Pas de l’Estrop donnant accès au vallon homonyme. Puis nous quittons ce vallon en grimpant les lacets d’une sente peu marquée dans un autre pierrier plus pentu en rive gauche. Cette voie nous mène à l’entrée de la combe de Châteauvieux qui apparaît alors dans toute sa splendeur dominée à l’Est par le sommet de Rochegrande.
Traversant ensuite «les cavernes», belles failles calcaires, nous faisons fuir de toutes parts une vingtaine de Chamois.
Arrivés aux pieds de la face nord, il nous reste à gravir les éboulis issus du sommet. Les blocs de grès qui les composent ont une taille critique et rendent l’ascension délicate : pas assez gros pour être bien stables, ni assez petits pour qu’une chute soit sans conséquences...
Quelques cairns balisent plus ou moins l’itinéraire qui n’est pas évident et je sens Estelle mal à l’aise. Je dois reconnaître que je ne suis pas non plus très à mon aise sur ce type de terrain et, voulant sortir de ce chaos au plus vite, nous nous engageons dans une traversée scabreuse jusqu’à la crête.
C’est assez d’émotions pour Estelle qui ne souhaite pas continuer plus loin. La cime nous domine encore d’une centaine de mètres faciles à parcourir, mais je lui propose un retour par l’arête Ouest (et le sommet de Châteauvieux), qui, pour l’avoir parcourue en 2005, sera plus aisée qu’un retour par notre voie de montée.
Durant notre descente le soleil s’impose enfin, et, de retour dans le vallon de l’Estrop ce sont les chants stridulants d’une multitude d’orthoptères qui nous accompagnent, virevoltant autour de nous à chacun de nos pas.
Je suis un peu déçu de n’avoir pu amener Estelle là haut. Mais ce n’est que partie remise… La prochaine fois, nous ferons simplement l’ascension en aller-retour par l’arête occidentale, voilà tout !
Rochegrande (sommet de Châteauvieux, 2635m) Type : BS Localisation : Alpes-Maritimes (carte de situation) Point de départ : Hameau d'Estenc Itinéraire : Estenc - Pas de l'Estrop - combe et sommet de Châteauvieux - Pas de l'Estrop - Estenc Distance : 9 km Dénivelé positif : 905 m Carte : IGN TOP25 3440ET «Haute vallée du Var - gorges de Daluis - PN du Mercantour» Topo : D'après l’excellent ouvrage de Katia et Jean-françois Dao, «Alpes du Sud : Mercantour, Merveilles, Ubaye» Sortie n°182 réalisée le 18/08/07 avec Estelle |
En début d’après-midi, Frédéric et Stéphanie nous rejoignent, accompagnés du jeune Clément (3 mois ½) que nous découvrons enfin autrement qu’en photos. Un passage au potager pour ramasser les légumes du jour et me voilà attablé avec Fred devant cartes et topos pour organiser notre journée du lendemain.
Dimanche 19 août : Depuis les sommets de la rive gauche du Var, nous avons souvent remarqué une trace en rive droite, à travers les éboulis, dominant des prairies d’altitude. Ce sentier, indiqué également sur la carte IGN, devait jadis relier les différents alpages depuis le col des Champs jusqu’au col de la Cayolle. Aucun topo ne semble le mentionner et nous souhaitons donc l’explorer…
Plusieurs voies d’accès sont possibles : Pour cette fois, nous monterons directement d’Entraunes par l’ancien chemin de l’alpage de la Bouisse et redescendrons un peu avant le col de la Cayolle sous le pas du Lausson.
Le départ est matinal pour profiter au maximum de la matinée avant un changement de temps annoncé.
Le chemin grimpe raide par un bon sentier à travers les barres calcaires que surplombe l’alpage abandonné de la Bouisse dont la cabane pastorale tombe en ruine. De là, nous continuons à nous élever le long de la crête herbeuse de Pra Bourrés. Au dessus de nous, un grand rapace tournoie : c’est un Gypaète barbu que nous reconnaissons aux jumelles. Il nous survole ensuite à seulement une dizaine de mètres et nous passons bien un quart d’heure à l’observer…
De la crête, nous rejoignons alors le sentier tant attendu. Il traverse les éboulis de l’envers du cirque de l’Encombrette, puis longe l’envers des célèbres tours du lac d’Allos : Tour Noire et tour Orientale nous dominent de plus de 500 mètres et sont encore plus belles vues d’ici que depuis le lac. Nous repérons même un passage potentiel pour en faire un jour l’ascension par cette face…
Le sentier se poursuit ensuite à l’altitude constante de 2150m et offre une vue panoramique sur toute la rive gauche du Var. Nous identifions successivement l’ensemble des cimes et cols que nous avons pour la plupart déjà parcourus.
Plus loin, aux abords d’une zone ravinée de marnes, toutes traces disparaissent. La pente est raide (45°), mais Fred est sûr de son pas et je le suis sans rechigner. Ouf, le mauvais passage est passé.
Notre itinéraire se prolonge alors tranquillement jusqu’au Lausson et son lac asséché, avant de rattraper par quelques lacets le classique sentier du pas du même nom vers 2500m. De là, nous descendons vers le col de la Cayolle et bifurquons un peu avant, en direction de la cabane et du ruisseau du Garret au bord duquel nous retrouvons Estelle, Stéphanie et Clément pour un pique-nique sous les mélèzes.
Le balcon panoramique de la rive droite du Var Type : T Localisation : Alpes-Maritimes (carte de situation) Point de départ : Entraunes Itinéraire : Entraunes - cabane et crête de la Bouisse - lac du Lausson - maison forestière du Garret - D2202 Distance : 14 km Dénivelé positif : 1250 m Carte : IGN TOP25 3440ET «Haute vallée du Var - gorges de Daluis - PN du Mercantour» Topo : D'après la carte et nos investigations Sortie n°183 réalisée le 19/08/07 avec Frédéric |
Du Lundi 20 août au mercredi 22 août : Nous profitons finalement encore d’une belle journée avant le changement de temps. Pour l’occasion, nous sortons table et parasol sur le parvis de la maison et déjeunons ainsi en terrasse (une première) de quelques diots grillés et légumes du jardin.
Dès le lendemain, les prévisions météo se confirment et le mauvais temps s’installe pour au moins 2 jours, remettant en cause nos projets.
Stéphanie, Frédéric et Clément nous quittent dans l’après-midi du mardi pour des horizons plus bleus. De mon côté, je prépare un nouveau programme «un peu raccourci» pour notre virée dans le Queyras et réserve les nuitées que nous ne passerons finalement pas sous la tente mais au chaud entre hôtels et refuges.
Autour d'Entraunes, la montagne s'est transformée. Les alpages jaunes-dorés ont reverdi et les sommets sont maintenant blanchis dès 2500m ! La température a nettement chuté et nous invite à faire un agréable feu de cheminée. Nous passons ces deux dernières journées à bouquiner tandis que dehors il pleut des cordes.